Les médecins s’inquiètent de la consommation d’images X par les ados
Les médecins gynécologues et obstétriciens s’alarment de la consommation croissante d’images et de films classés X par les jeunes et des effets délétères sur leur propre conception de la sexualité.
« Comment à 11 ans peut-on discerner le vrai du faux ? Comment comprendre que dans la vraie vie les relations sexuelles nécessitent respect, connaissance de l’autre, dialogue, caresses...», fait valoir le Pr Israël Nisant, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens de France (CNGOF). Le CNGOF vient de remettre un rapport¹ alarmant au gouvernement sur la facilité d’accès à la pornographie en ligne qui sexualise les enfants, altère l’image de la femme et déshumanise la sexualité.
« Le véritable danger pour la construction de son image et pour l’égalité des relations entre filles et garçons, que l’on soit fille ou garçon, c’est d’imaginer que la sexualité se résume à̀ ces actions brutales, précipitées où la femme est (presque) toujours dans une posture de soumission » fulmine le Pr Nisant. Autre évolution : d’amateurs de pornographie, les jeunes en deviennent acteurs. « Live shows sexuels, sex tapes, after sex selfies… des applications pour smartphones leur permettent de se mettre en scène dans des situations pornographiques et de partager leurs vidéos », s’insurge le CNGOF.
Protéger ses enfants
Les médecins gynécologues regrettent les difficultés rencontrées par les chefs d’établissement pour mettre en application la loi qui rend obligatoire l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées à raison de 3 séances par an et par groupe d’âge homogène. Depuis plusieurs années, ils constatent une hausse des consultations par de jeunes mineures pour des déchirures vaginales, des grossesses précoces ou des hymens à reconstruire. En Alsace ou dans les Yvelines, des gynécologues accueillent des adolescents et interviennent dans les établissements scolaires, fait valoir le CNGOF.
Le Pr Nisant s’inquiète aussi de l’absence de législation en France sur l’accès aux contenus inappropriés pour les enfants. « Les fournisseurs d’accès devraient avoir l’obligation d’empêcher les moins de 18 ans de consulter des sites pornographiques, suggère-t-il, en imposant des codes fournis à partir de la présentation de la preuve de la majorité ou en imposant une carte bancaire systématique ». L’association française Ennocence a lancé en mai dernier une plateforme de signalement de contenus inappropriés sur Internet.
Vanessa Pageot
¹Communiqué de presse du Collège national des gynécologues obstétriciens de France. 15 juin 2018
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