« La musique permet, à des personnes en souffrance, de retrouver du plaisir, davantage d’équilibre et de mieux-être. »
Jean-François Labit est musicothérapeute-clinicien, chercheur et formateur aux techniques psychomusicales. Il explique comment les vibrations, la pulsation, les mélodies et le souffle peuvent aider à se sentir plus apaisé.
Pouvez-vous nous expliquer votre approche de la musicothérapie ?
Jean-François Labit – Il y a deux grandes approches que je pratique : celle qui est dite « active » avec la production sonore et musicale – percussions ou chant par exemple – et celle dite « réceptive » où la musique diffusée est davantage un prétexte pour créer du lien et communiquer sur le ressenti et les émotions au moment présent. Il existe une technique spécifique que j’utilise souvent pour la relaxation en musique communément appelée : la détente psychomusicale. Quelle que soit l’approche, la musicothérapie est un « outil » non médicamenteux complémentaire qui peut améliorer l’offre de soins. Elle peut considérablement aider des personnes stressées et angoissées, souffrant de douleurs chroniques ou de troubles cognitifs à retrouver des moments de plaisir, un « ailleurs » susceptible de favoriser le ressourcement et davantage d’énergie.
Comment la musique peut-elle aider les personnes stressées ou angoissées à s’apaiser ?
J-F. L.– La première des choses est la prise de conscience de son stress et de ses origines ainsi que sa capacité à s’impliquer au quotidien pour que ce stress s’arrête. Avant même de parler musique ou mélodie, j’aborde la question de son propre souffle et de sa respiration. La personne devenue actrice s’engage ensuite à s’octroyer tous les jours 15 à 20 minutes dans une « bulle à soi » pour respirer profondément. De nombreuses disciplines comme le Qi-Gong, le yoga ou la méditation ont compris les bienfaits de la respiration lente et profonde sur l’organisme. Ensuite seulement, la musique entre en jeu par ses inductions au-delà de la parole.
Donnez-nous un exemple concret de thérapie musicale
J-F. L.- Nous avons élaboré, avec le réseau Palliance¹, un protocole de musicothérapie, montage musical dit en « U » où les vibrations musicales agissent sur les capteurs psychosensoriels du patient et favorisent un « décentrage » de la douleur. Mais attention, tout le monde n’est pas réceptif à la musique. Lorsque c’est le cas, le patient se laisse alors guider par la musique qui l’invite à lâcher prise comme en hypnose. Actuellement, nous menons une étude « Musicothérapie et meilleure gestion du stress et de l’angoisse ». Jusqu’en octobre 2018 au sein de la clinique Sainte Marie de Rodez et d’un autre établissement sur Clermont-Ferrand avec ce même protocole. Les patients volontaires évaluent trois critères avant et après l’écoute : leur stress, leur détente/évasion et leur plaisir. Nous avons déjà de très bons retours. Plus d’une centaine de patients aveyronnais bénéficient de manière régulière de ces deux protocoles avec des évaluations très positives.
Vanessa Pageot
¹ Réseau de santé au service de patients en soins palliatifs ou atteints de maladie chronique.
Jean-François Labit, musicothérapeute sur Rodez conduit l’étude «Musicothérapie et meilleure gestion du stress et de l’angoisse »
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Voir les commentaires (1)
Merci pour ce bel article qui met en lumière une approche non médicamenteuse de 1er ordre : la Musique qui nous sculpte depuis le 3ième mois in utéro... Musique et Etre humain sont semblables, tous deux fonctionnent avec des pulsations, des rythmes et des vibrations... Sans cela pas de Vie, Silence!
Merci Vanessa pour cette belle rencontre et votre curiosité "éveillée". Au plaisir!
Bien cordialement.
Jean-François Labit