Anorexie : une étude chamboule l’approche comportementale de la maladie
Selon une étude de l’Inserm menée conjointement avec l’université Paris Descartes et le centre hospitalier Saint-Anne, ce n’est pas la peur de grossir mais le plaisir à perdre du poids qui définit les personnes anorexiques. Jusqu’à présent, cette angoisse des kilos était l’un des trois critères internationaux sur lesquels reposait le diagnostic de l’anorexie mentale, avec la perception déformée de son corps et la restriction alimentaire. « Lorsque la recherche piétine, il est important de remettre en question les critères qui sont à la base même du trouble, explique le Pr Gorwood, directeur de l’étude dans le communiqué de presse de l’Inserm. Nous avons donc ré-évalué le dernier critère, pourtant bien présent dans le discours des patientes, en faisant l’hypothèse qu’il s’agirait d’un reflet en miroir de ce qui est réellement impliqué, c’est-à-dire un effet récompense de la perte de poids. Nous avons établi le postulat que les patientes ressentaient le plaisir de maigrir plutôt que la peur de grossir. » Les travaux, publiés le 7 juin dernier dans la revue Translational Psychiatry, ouvrent ainsi la voie à de nouvelles thérapies pour soigner les patientes comme la remédiation cognitive ou la thérapie en pleine conscience .
Un trouble héréditaire
Les chercheurs soulignent aussi le rôle prépondérant de l’hérédité dans l’anorexie mentale, évoquant une « forte héritabilité à 70 % ». Un chiffre à nuancer, car, comme les autres troubles de comportement alimentaire (TCA), les facteurs sont pluriels : facteurs psychologiques, socioculturels ou environnementaux. En France, 0,5 % des filles de plus de 18 ans souffriraient d’anorexie mentale, selon l’Inserm. Plus rare chez les jeunes garçons, elle concerne 0,03 % d’entre eux. Un trouble à prendre très au sérieux, la Haute autorité de santé rappelant que l’anorexie mentale est « la maladie psychiatrique au taux de mortalité le plus élevé. »
Vanessa Pageot
En savoir + : Communiqué de presse de l’Inserm
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