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Vaincre l'obésité

Elle m’inspire : Charlotte, de l’obésité au marathon

« L’obésité est une montagne à gravir »

Tous les mois, je donne la parole à une femme qui m’inspire : parce qu’elle est engagée, altruiste, courageuse, drôle, respectueuse.

Charlotte est journaliste en Bourgogne. Dans son livre « Je ne prépare pas un marathon », elle raconte le parcours de ses cinq dernières années où elle est passée d’une obésité morbide à une sportive pétillante.

Votre histoire commence par un accident de voiture en 2015. En quoi fut-il un élément déclencheur dans votre vie ?

Charlotte Rebet.- Cet accident, sans gravité heureusement, fut la meilleure chose qui me soit arrivée. Quand on a cherché les causes de l’accident, nous nous sommes rendus compte qu’il n’y avait aucune trace de freinage, ni défaillance technique, ni d’autres véhicules impliqués. C’était une période où j’étais très fatiguée. Nous en avons déduit que je m’étais endormie. Mon médecin traitant a suggéré que cette fatigue pouvait être due à des apnées du sommeil que je ne soupçonnais même pas ! Des apnées qui découlaient de l’obésité. Mon médecin m’a alors orienté vers un pneumologue qui m’a regardé dans les yeux et m’a dit : « Avez-vous conscience que vous êtes en situation d’obésité morbide ? ». Ce fut une claque. C’est seulement à partir de ce moment-là que j’ai décidé de changer.

Comment ne pas être conscient de sa situation d’obésité ? Vos proches n’ont-ils pas essayé de vous alerter ?

C.R.- Mes proches ont bien sûr essayé de m’en parler mais, d’un autre côté, ils constataient aussi que j’étais bien dans ma peau. Pendant toutes ces années, je faisais l’autruche. Je refusais de voir toutes les conséquences comme le mal de dos, les entorses aux chevilles à répétition, l’hypertension à 25 ans…

Quelle fut votre prise en charge médicale ?

C.R.- Je suis passée par la chirurgie bariatrique en avril 2016, alors que j’avais 27 ans, avec un accompagnement complet et bienveillant avant, pendant et après l’opération des médecins mais aussi d’une diététicienne, d’une psychologue et d’une acti-physicienne. J’ai appris la tolérance envers soi-même alors que je me méprisais. J’ai réappris à manger de manière saine en me détachant de mon addiction à la nourriture même si ces dérives alimentaires fantômes resteront toujours en moi.

Combien de kilos avez-vous perdu ?

C.R.- J’avais perdu 17 kilos en amont de l’opération, puis 35 kilos en 6 mois suite à l’opération, soit un total de 52 kilos !
Je me souviens qu’un élu que je connaissais, m’a serré la main à défaut de me faire la bise et m’a vouvoyé car il ne m’avait pas reconnue suite à ma perte de poids. Ce changement physique m’a plongé dans une crise identitaire. Je me suis posé pas mal de questions avant d’admettre que je restais toujours moi-même.

Pourquoi le titre de ce livre : « Je ne prépare pas un marathon » ?

C.R.- L’acti-physicienne m’a accompagné pour des activités physiques adaptées dans le cadre de mon suivi post-opératoire. Quand j’ai commencé à courir, c’était à mon rythme, en me justifiant que je ne préparais pas de marathon. Finalement, je me suis prise au jeu de la course à pied et le titre de mon livre est ironique puisque j’ai bien participé à un marathon, celui des Charolais en novembre 2019. Ce marathon relève d’un parcours, d’un voyage initiatique qui m’a poussé à répondre à un objectif que je m’étais fixé. Comme je le raconte dans le livre, l’obésité est une montagne à gravir à mains nues, mais elle n’est pas infranchissable, il suffit de trouver le meilleur chemin pour l’emprunter.

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaitent, elle aussi, en finir avec leur situation d’obésité ?

C.R.- Le premier conseil est d’accepter de l’aide extérieure, d’être entouré par ses proches et par une équipe médicale bienveillante. Ne soyez pas impatient, ne vous découragez pas et privilégiez la progression par étapes.

Mon histoire n’est pas seulement le résultat d’un coup de bistouri, c’est aussi un rééquilibrage alimentaire, du sport et une nouvelle organisation de vie. Aujourd’hui, je n’ai plus d’apnées du sommeil, je ne prends plus de traitement pour l’hypertension, je n’ai plus mal au dos ni au genou. J’ai recommencé à vivre.

Propos recueillis par Vanessa Pageot avec Estelle Allemand.

Je ne prépare pas un marathon, de Charlotte Rebet aux éditions Héraclite, 15 euros :  

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